Du savoir d'un polyglotte
— note, linguistique — ~4mn de lecture
À la base ce billet devait être une simple note, comme le billet précédent, mais au final il est plus long que prévu donc je lui ai donné un vrai titre, un peu stylé et mystérieux en plus, j’aime bien.
Je crois que je l’ai déjà dit sur ce blog, mais j’aime bien les comparaisons qu’on peut faire entre les langues 1 naturelles et les langages de programmation.
Ya un peu un parallèle sympa que j’ai remarqué : le pouvoir de compréhension procuré par le fait d’être polyglotte.
C’est un fait assez répandu parmi les programmeur·ses qu’apprendre d’autres langages de programmation feront d’elleux de meilleur·es programmeur·ses, surtout d’apprendre des langages d’autres paradigmes (genre apprendre Haskell, un langage fonctionnel, quand on vient d’un background de C, un langage impératif). Ça fait de nous de meilleur·es programmeur·ses et ça modifie notre façon de coder aussi. Par exemple depuis que j’ai plongé dans le paradigme fonctionnel, écrire une boucle for
me dégoute un peu, mais je suis ptet un cas un peu extrême. Bref.
Et bien en lisant un peu le côté de Wikipedia sur la linguistique, et plus particulièrement les articles sur les langues SVO, OSV, SOV, … et la thématisation2, je me rends compte qu’apprendre des langues d’autres structures (tousse paradigme tousse), ça nous rendait plus conscient des structures de notre propre langue3, parce que c’est pas possible de réfléchir sur une langue en n’ayant connu qu’elle. Ça vaut pour la structure, mais aussi sur d’autres trucs comme la thématisation. Mais avant de parler de thématisation, je vais digresser vite fait.
J’étais en train d’écrire une note de bas de page me vantant de la qualité de ce minuscule fusil de Tchekhov qu’était le sujet de la thématisation, et je suis allé vérifier comment ça s’écrivait Tchekhov (bah oui, pas con). Parce que j’aurais écrit ça Tchekov moi. Et je me suis rendu compte que cette mégarde était intéressante parce qu’elle prouvait mon point : j’aurais écrit ça comme ça parce que je suis pas russe, donc le son /х/ est pas dans ma langue de base (/x/ c’est le son du x en russe ou du j en espagnol). Et vu que le son /x/ existe pas en français, et du coup notre alphabet a rien pour le répresenter, donc on a choisi “kh” pour représenter le x russe. Du coup pour nous, ça sonne juste comme “k” quand on l’écrit. Bim bam boum, la langue est limitée, c’est ce que je disais juste avant. C’est fou les coïncidences.
Bref, la thématisation. En fait c’est un truc dont on est pas du tout conscient en français de ce que c’est parce que la langue le met pas en avant, mais c’est par exemple quand on dit “Moi, j’aime ce truc” : en plus d’être le sujet de la phrase, “je” est aussi le thème. Bon c’est un peu flou comme ça parce que gnagnagna le français, mais par exemple en japonais ils ont une distinction grammaticale entre sujet et thème. Ils utilisent deux particules différentes : “は” (c’est l’hiragana pour “ha”, mais en tant que particule, il se prononce “wa”) pour le thème et “が” pour le sujet. Du coup pour eux la différence est giga naturelle j’imagine. Mais si vous voulez comprendre plus le délire, la page wikipédia sur la thématisation est super bien faite.
Bon bref voilà, la langue c’est limité, en apprendre d’autres vous éclairera sur les différences et les façons de penser des langues, hypothèse de Sapir-Whorf, on ne peut exprimer tous les concepts d’une langue dans elle même, Wittgenstein (fin je crois, ça fait longtemps que j’ai pas lu Logicomix)(lisez Logicomix), puis pouf on fait un lien avec le théorème d’incomplétude de Gödel, parce que pourquoi pas, et on s’arrête là.
Tchou.
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Au départ je voulais faire une explication de la différence entre langue et langage, parce que je m’en rappelle jamais, sauf que je m’en rappelle jamais parce que c’est super compliqué et j’ai pas tout compris donc ça reste pas. En gros, pour paraphraser cette explication, la langage c’est un machin inné qu’on sait faire, c’est notre capacité à communiquer alors que la langue, c’est l’outil qu’on utilise pour communiquer (d’ailleurs c’est pour ça qu’on parle de langage familier, soutenu, … : parce que c’est une façon de communiquer plutôt qu’un vrai outil). ↩
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À la base j’étais juste allé voir les pages sur les hiraganas et katakanas pour les recopier dans mon journal, je me suis perdu bon oui j’avoue. ↩
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D’ailleurs, comment on définit sa “propre” langue ? C’est la langue maternelle ? La langue parlée le plus couramment ? La langue préférée ? M’enfin bref on s’en fout, chacun sa propre langue quoi, choisissez comme vous voulez. ↩
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